Énigme autour du mariage
de Jean-Baptiste Peuvret et Marie-Catherine Nau

 

Jean-Baptiste Peuvret du Mesnu est un personnage bien connu de l’histoire de la Nouvelle-France. Il arrive au pays le 12 octobre 1651 comme soldat de la garnison avec son frère François, puis devient secrétaire du gouverneur Jean de Lauzon, notaire et greffier de la Sénéchaussée, procureur fiscal de la Compagnie des Indes occidentales, greffier en chef et secrétaire du Conseil Souverain, et seigneur de Gaudarville. Le Dictionnaire biographique du Canada, sous la plume d’André Vachon, lui a consacré un texte dans le premier tome de la série. Dans cet article, il est dit que Jean-Baptiste Peuvret est né à Bellême (France) en 1632 et qu’il est décédé à Québec en 1697. L’auteur indique aussi qu’il est marié avec Marie-Catherine Nau à Québec le 10 juillet 1659. Cependant, l’auteur fait toutefois abstraction de son contrat de mariage passé le 5 juillet 1659 devant le notaire Guillaume Audouart.

L’information concernant l’acte de mariage du 10 juillet 1659 est probablement tirée du Dictionnaire Tanguay. Cette indication est reprise par la plupart des auteurs québécois : Jetté, Langlois, Drouin, Trudel et le PRDH pour n’en citer que quelques-uns. Une telle unanimité ne devait sans doute pas mettre en doute la date du mariage de Jean-Baptiste Peuvret avec Marie-Catherine Nau.

Avec toutes ces affirmations, il était donc facile de repérer l’original de l’acte de mariage dans le registre de la paroisse Notre-Dame de Québec. Mais voilà, l’acte n’existe pas ni dans la collection de la paroisse pas plus que dans celle du greffe. D’où vient donc cette information concernant ce mariage ? Dans un article sur la famille de Lauzon, publié dans les Mémoires de la Société historique de Montréal en 1859, l’auteur Louis-Hippolyte Lafontaine indique qu’il n’a pu trouver l’acte de mariage mais qu’il a une copie authentique de la convention matrimoniale. Un autre auteur, mentionne que l’acte de mariage du couple Peuvret-Nau ne nous est pas parvenu mais, il semble que Cyprien Tanguay ait pu le consulter en vue de la publication de son dictionnaire généalogique en 1871. Dans le DGFQ, (vol. 1, p, 480), Tanguay n’indique pas les noms des parents de l’époux. Tandis que dans le DGFQ, Jetté indique leurs noms : Jacques Peuvret du Mesnu et Marie de Lagarenne.

Puisque l’acte religieux n’existe pas en Nouvelle-France, qu’en est-il du contrat de mariage ? Dans le greffe de Me Guillaume Audouart, on ne trouve pas le contrat de mariage daté du 15 juillet 1659, pas plus que celui du 5 juillet 1659 cité par Jetté et Langlois. Pourtant, Louis Hyppolite Lafontaine écrit en 1859 :

L'acte en fut reçu, le 15 Juillet 1659, c'est-à-dire 2 mois et 10 jours après la mort du premier mari de la dite Catherine Nau, par « Guillaume Audouart, Secrétaire du Conseil établi par le Roi à Québec, Notaire en la Nouvelle-France. » Dans cet acte, les parties sont ainsi décrites: « Jean-Baptiste Peuvret, Sieur de Mesnu, fils de Me Jacques Peuvret, Conseiller du Roy, Lieutenant Criminel en l'élection du Perche, et de Damoiselle Marie de la Garenne, ses père et mère, de la ville de Bellesme, Province du Perche, Diocèse de Seez d'une part, et Damoiselle Marie Catherine Nau, fille de défunt Jacques Nau, Escuyer, Sieur de Fossambault, vivant Conseiller du Roi, et Receveur-Général des Finances en Berry, et de Damoiselle Catherine Granges vivant ses père et mère, veuve en première noce de défunt Messire Louis de Lauzon, Chevallier, Seigneur de la Cityère, d'autre part ».